Le grenier.

Je ne vous ai jamais emmené dans le grenier. Un beau plateau qui s'ouvre par un vélux sur la vallée. Dans le grenier, il y a les livres en trop. Trop bien rangés pour les déranger. Les bandes dessinées, les cours et manuels scolaires, les cahiers et les bulletins. Dans le grenier, il y a de vieilles horloges, des petites tables, des vêtements de poupées, des poupées, des jeux de société, des jeux en carton, en plastic, en bois. Un damier et des figurines pour une partie d'échec, des magazines rares.
Des collections de magazines rares et désuets, underground et branchés d'hier. Il y a des boites à biscuit de photographies. Des outils de jardin, des machins de jardin, pas de nains de jardin. Dans le grenier, il y a mon histoire en points de suspension, des traces de mon passage à l'âge adulte et celles de mon passage au grand âge. Il y a les arbres qui refont le monde en attendant le printemps. Ils sont là, sous la lumière, les uns contre les autres à se fortifier, à se membrer, à grandir. Pour entrer dans le grenier et en sortir, il faut baisser la tête pour passer sous les poutres maîtresses. Un beau geste d'humilité. Il n'y a jamais de bruit dans le grenier sauf lorsqu'un oiseau s'enhardit entre les pierres jusqu'à arriver, de failles en failles, dans la grande pièce.