L'arbre qui doit avoir plus de vingt ans a souffert ces dernières années de devoir partager le territoire avec des molosses peu scrupuleux de sa présence. Il a retrouvé, depuis maintenant quelques mois, une douce sérénité qui le rend gourmand de vie et de saisons. Les haies sont toilettées, le ligustrum tiré à quatre épingles, le laurier en touffes insolentes, les charmilles déjà dans les ocres, les aubépines au pas. Tout ce qui fait hortus conclusus (le jardin clos) est à sa place.
Hortus conclusus : Les haies, les palissades jouent un rôle symbolique. Elles écartent du jardin les influences malfaisantes et empêchent les forces bénéfiques de s'en échapper. Pour les religieux, le jardin clos a une signification. Il rappelle la fiancée du Cantique des cantiques.
En observant bien les tableaux de cette période, On voit souvent Marie au milieu du jardin, clos par un mur, une haie ou une palissade. Dans les monastères, le jardin clos a toujours symbolisé, depuis ses débuts, "la représentation d'un espace idéal où l'homme entreprend une communication privilégiée avec le divin". Il représente le paradis, en fait, plus précisément, son anticipation.
Pour mettre en oeuvre cette vision, le jardin se doit d'être carré ou rectangulaire, forme géométrique qui découle du cloître (celui-ci au nord-est de la maison de Celles l'est...). À l'intérieur du jardin, se dessinent des subdivisions en carrés, en rectangles ou en formes géométriques qui deviendront une règle dans les jardins des futures époques. Un petit coin de paradis ici. Comme Marie, je fais les chemins, du petit jour à la tombée de la nuit. De l'est à l'ouest. Du nord au sud, du vent au souffle, du soleil à l'ombre. Je marche. Je démarche. Je grimpe les marches.
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