samedi 4 septembre 2010

Humilité


J'ai découvert ceci en allant me perdre sur le réseau de ma petite-fille. J'ai découvert ces mots qui sont le sens des instants consacrés à les regarder et les faire vivre." L'artiste peintre travaille sur sa toile, dans un plan, c'est-à-dire un espace à deux dimensions. Le sculpteur, lui, travaille dans l'espace euclidien à trois dimensions.
Le bonsaï est un arbre vivant. Il évolue sans cesse, réagissant aux interventions de l'artiste qui le façonne, et parfois même sans tenir compte de la volonté de l'artiste: un spécimen peut facilement être enlaidi - ou même détruit - par des soins inappropriés. Mais on peut aussi imaginer qu'une création médiocre peut être grandement améliorée en quelques années de travail patient. On peut donc dire que l'artiste bonsaï travaille dans un espace à quatre dimensions: l'espace du sculpteur plus la dimension du temps.
Ce détail - qui n'en est pas un - implique d'importantes conséquences:
Comme l'espérance de vie d'un bonsaï est largement supérieure à celle d'un homme, plusieurs artistes devront se succéder pour entretenir et former l'arbre. Ils n'auront pas toujours le même projet - par exemple, l'un d'entre eux voudra faire ressortir l'aspect dramatique du tronc, alors qu'un autre essaiera d'adoucir les contours de l'arbre... Faire ainsi partie d'une chaîne d'hommes, tous au service du même arbre, est un des aspects les plus enthousiasmants de l'art du bonsaï! Quand plusieurs artistes se seront succédés pour élaborer une oeuvre commune, aucun ne pourra la considérer comme sienne. L'artiste bonsaï ne peut donc pas signer une oeuvre qui n'est jamais finie!"
Je sais que je vais rien finir d'eux, ni avec eux.
Je sais qu'il me faut convaincre un ou une autre de faire des gestes similaires aux miens mais différents. Légèrement différents. Je sais que je vais partir sans eux. Ils ne sont ni mes enfants, ni ma descendance. Je sais cependant que, sans attention d'un ou d'une autre, ils seront vacillants et las. Résignés très rapidement. En même temps que je vais les accompagner, il me faudra trouver celui ou celle qui marchera un temps dans mes pas avant de se mettre à tutoyer les branches, le tronc et les feuilles. Le bonsaï est une école de la mesure - de l'équilibre, c'est aussi une école de la patience, de l'impermanence et de l'humilité.

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