Curieuse et belle journée qui a débuté péniblement pourtant au milieu de la nuit. je me suis retrouvée sans force dans les jambes pour me porter. Incapable au sommet des escaliers de faire les quelques pas nécessaires pour atteindre la chambre. Le papy m'a trouvé dépourvue sur le palier. Il m'a porté jusqu'au lit où je me suis endormie dans l'espoir qu'au matin je retrouverai vigueur et vitalité. Il semble que la tendinite qui m'a fait souffrir il y a quelques semaines soit de retour à la suite, sans doute, des efforts consentis lors du nettoyage d'un parterre. Au petit matin, j'avais retrouvé un semblant d'équilibre mais la douleur ne m'a pas quittée de la journée. Le papy a tondu, sans doute pour une des dernières fois cette saison, la pelouse piquée de champignons des prés. Tante Jo et Constant sont venus vers quinze heures.
Il dit plus doucement ce qu'il pense plus ardemment. J'aime le voir s'accrocher à une jupiler. Les femmes savent pourquoi les hommes s'accrochent ainsi aux blondes. Constant le pêcheur s'est arrondi et tassé. Il est devenu plus petit mais plus tendre encore... Sans cheveux, il a pris une dimension de sagesse. Le philosophe peut venir à la surface. Comme si nous l'écoutions avec plus d'attention. Comme s'il parlait avec plus de précision. Il est en face de moi à table, à la gauche de mon large papy. Il mange et boit avec bonheur. Je suis heureuse à cette seconde de ce lien ténu et si fort qui nous lie. Ce lien qui fut mille fois proche de la rupture et qui continue pourtant à nouer, à lier. Le plombier passe en fin de journée mettre un terme aux rugissements des canalisations, aux fuites de partout.
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