samedi 31 octobre 2009

Constant le pêcheur...


Curieuse et belle journée qui a débuté péniblement pourtant au milieu de la nuit. je me suis retrouvée sans force dans les jambes pour me porter. Incapable au sommet des escaliers de faire les quelques pas nécessaires pour atteindre la chambre. Le papy m'a trouvé dépourvue sur le palier. Il m'a porté jusqu'au lit où je me suis endormie dans l'espoir qu'au matin je retrouverai vigueur et vitalité. Il semble que la tendinite qui m'a fait souffrir il y a quelques semaines soit de retour à la suite, sans doute, des efforts consentis lors du nettoyage d'un parterre. Au petit matin, j'avais retrouvé un semblant d'équilibre mais la douleur ne m'a pas quittée de la journée. Le papy a tondu, sans doute pour une des dernières fois cette saison, la pelouse piquée de champignons des prés. Tante Jo et Constant sont venus vers quinze heures. Un gâteau pour plus tard... Du moins pour manger en fin de journée. C'est leur première visite à Celles. Elle conduit et remonte, comme tant d'autres, la rue Saint-Hadelin à contresens... Constant le pêcheur est bien là. En verve, en forme même. Il s'emballe et s'explique sur tout. Du jardin au salon, sa voix fatiguée mais joviale résonne. Entre une bière et une cigarette, les instants d'un bel après-midi lumineux s'égrènent. Raconter ce qui ne peut pas être compris. Les souffrances et les rédemptions passagères. Le rôle d'une infirmière, celui d'un toubib. L'attention de sa femme qui se marque dans les mots qui accompagnent, qui disent aussi l'autre vérité, l'autre face des inquiétudes et des angoisses. Constant le pêcheur n'a pas perdu ses envies de parler de la pêche. De la valeur marchande d'un flotteur, des bords du Canal Albert.
Il dit plus doucement ce qu'il pense plus ardemment. J'aime le voir s'accrocher à une jupiler. Les femmes savent pourquoi les hommes s'accrochent ainsi aux blondes. Constant le pêcheur s'est arrondi et tassé. Il est devenu plus petit mais plus tendre encore... Sans cheveux, il a pris une dimension de sagesse. Le philosophe peut venir à la surface. Comme si nous l'écoutions avec plus d'attention. Comme s'il parlait avec plus de précision. Il est en face de moi à table, à la gauche de mon large papy. Il mange et boit avec bonheur. Je suis heureuse à cette seconde de ce lien ténu et si fort qui nous lie. Ce lien qui fut mille fois proche de la rupture et qui continue pourtant à nouer, à lier. Le plombier passe en fin de journée mettre un terme aux rugissements des canalisations, aux fuites de partout. Nous sommes proches de la séparation, de leur retour au nord de Liège. Une pensée pour Sophie, leur fille, qui vieillit sans s'en rendre compte dans un cocon d'attentions douces. Une caisse de pommes de l'arbre du fond du jardin pour repartir. Une marche-arrière pour éviter le contre-bas du trottoir. Le voiture s'enfuit. Je reste à boiter. Cette foutue tendinite sans doute. Je clopine mais je suis heureuse. Il a passé du temps, du bon temps cet après-midi.

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