Des lamelles de poireaux, l'échalote vont doucement étuver renforcées de sel et de poivre, d'épices et de curry. Les filets du poisson vont venir se baigner dans le quart de la préparation avant d'être recouverts par le plus dense de la sauce. Un chapeau de chapelure et le plat va dormir au four pendant une demi-heure. Sur l'autre feu, les pommes de terre bouillent.
Un mot sur ce légume banal, commun et si précieux dans les repas paysans et d'arrière-saison. Originaire de la région méditerranéenne, probablement du Proche-Orient, il est largement cultivée dans toutes les zones tempérées.
C'est un légume très anciennement connu. L'empereur romain Néron fut surnommé le « porrophage » car il en consommait, paraît-il, de grandes quantités pour s'éclaircir la voix. Cette plante figurait parmi les plantes potagères recommandées dans le capitulaire De Villis au Moyen Âge.
Ils ne se montent pas du col avec leurs noms simples : Gros court d'été,
Monstrueux, Jaune gros, Gros long d'été, Malabar du nord.
Il préfère un sol frais, profond et riche en humus. C'est une plante très rustique, qui supporte bien le froid de l'hiver. On pratique le buttage pour augmenter la longueur de la partie blanche. Les poireaux peuvent se conserver en terre, ou en jauge abritée pour pouvoir les récolter par grands froids.
J'ai le souvenir des anciens d'Emptinal, le petit hameau où j'habitais dans les années septante, qui pralinaient le poireau avant de le repiquer. Praliner, cette belle expression qui voulait simplement dire tremper la partie blanche du légume dans la bouse de vache avant de l'enfoncer en terre. Je l'ai fait avec plaisir et résultat pendant tant de saisons... 
Fin d'une cuisson rapide. Le curry n'était pas imposé... Un de mes caprices, à vrai dire. Le résultat est un repas doux et agréable. Le poireau est devenu un complice raffiné et les filets de cabillaud lui rendent honneur superbement. J'avoue le bonheur de cette surprise partagée avec le papy, dans la nuit venante.
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