Comment ?

Je fais comment pour transmettre le plaisir de ces instants précieux d’une cuisine qui me prend du temps et de l’énergie mais qui me donne du bonheur. Je vais doucement, le prochain week-end, renoncer à toutes ces habitudes d’une vie de travail. toutes ces marques d’un labeur aujourd’hui dépassé. Mes collègues m’attendent dans quelques heures pour le rappel des souvenirs... Des moments que je n’aime pas d’un côté, parce que nostalgiques d’une période irrémédiablement révolue, mais qui me sont si chers, d’un autre côté, parce que si proches d’une période pas encore vraiment achevée. Comment fait-on pour se dire qu’on arrête quand on a envie de continuer ? Comment fait-on pour se dire qu’on continue quand on a envie d’arrêter ? Juste ce lieu de l’abandon et de la patience... qui n’appartient à personne d’autre qu’à moi.
Il y a autre chose. Toutes ces questions sur moi. Que je me pose sans arrêt. Sur ce que je suis, ce que je fais. Sur ce qu’il faudrait faire et refaire. J’ai des comptes à me rendre avant de les rendre aux autres. J’ai promis au papy d’aller me faire voir chez la psy pour remettre l’horloge à l’heure. Lundi. j’ai dis lundi. Je ne devrais jamais lui dire que je vais changer les choses. Un filet d’agneau au taboulé vert pour le repas du soir. Faire blanchir les fèves et les petits pois, émincer les gamins d’oignons. La semoule, le couscous gonfle pendant une minute à peine, marié au raisin sec, aux légumes et au jus d’un citron.
Le filet d’agneau est doré sur ses deux faces. Dans la jatte, le harissa dilué dans le bouillon vient saucer la semoule. Mélange de chaud et de froid, de vigueur et de saveur. Mon vieil homme aime bien.