lundi 28 mars 2011

Marre, marre, marre...


Marre. Marre. Marre. Les deux filets de porc, les deux côtelettes dépourvues d'os ont bien été saisies. Elles vont devoir doucement verser leur jus de cuisson en échange de miel, s'imprégner des saveurs de l'huile d'olive pures et des oignon blancs dans lesquels s'écrit la mesure de la sauce. Ramasser ensuite le sucre de quelques tranches d'ananas. Sur le bout du doigt la sauce est douce et tendre. Parfaite. Je m'active avec les pommes de terre, la muscade et le lait pour rendre la purée onctueuse et dense à la fois. Peine perdue. La viande juste cuite comme il faut n'a pas le moindre goût. Pas le moindre petit ramassis de goût. C'est le dégoût du temps perdu à y croire. trahison de la matière première. Mais où sont les cochons d'antan. je me souviens de ces instants inoubliables à la ferme des Willem, ces jours d'abattage et de dépeçage de l'animal. Ces jours où se distribuaient les parts des acheteurs discrets d'une bête élevée à la pure, à l'ancienne. Nourrie sur son poids, sans urgence et dans la boue et les champs. Une bête qui nous livrait sur la braise ses premières côtelettes le soir même de son trépas. J'ai dans l'oreille encore le grésillement de la couenne sur la braise et j'ai surtout en bouche la légèreté d'une viande qui ne se perd pas entre les dents et dont la saveur marque notre palais. Marre. Marre. Marre de ce que je viens d'essayer de manger, de ce que je viens de renvoyer. A quoi bon attendre de la saveur de la viande alors qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion. Marre, ce soir.

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