vendredi 22 octobre 2010

Pain de viande et haricots.


Le repas des anciens. Le pain de viande reste un repas familial bien et longtemps pratiqué par ma mère. La viande hachée, ainsi appelée à l'époque servait aux plats cuisinés entre le grand ordinaire, entendez les repas du soir des jours de travail où l'homme courageux est en droit d'attendre que son assiette lui soit servie dans la minute et le grand festif, entendez le repas de circonstances, de fête, de famille rassemblée qui requiert la grande argenterie et les verres à pied.
Le pain de viande tenait cette place bien à lui sur une table plus généreuse où les caprices, tous relatifs, de la cuisinière pouvaient s'exprimer.
Le boucher, immanquablement appelé le "petit" boucher, fabriquait la viande hachée devant ma mère et s'intéressait à la progression de mes études en jetant des morceaux de boeuf, de porc ou de veaux dans une horrible machine rouge à la large gueule qui, en quelques secondes, avait broyé les morceaux de viande pour en faire un beau ballot de chair malléable et goûteux. Les boulettes faites à la main, mélangées à la mie de pain étaient une déclinaison plus humble du pain de viande qui, lui, était enfourné plutôt que poêlé pour une plus grande quantité de convives.
Les haricots verts et les pommes de terre ont toujours aimé se rencontrer sur la table de ma mère. En salades chaudes ou froides. Les oignons, le vinaigre, la moutarde et un mélange des goûts faisaient de ce mariage brutal et coloré une préparation qui pouvait, elle aussi, se manger à la va-vite ou participer du grand repas. C'est en préparant, au fil des ans, ces plats entre l'ordinaire et la fête, que j'ai appris à mieux préparer et mieux cuire, à accorder de l'attention à la températures et aux graisses, à la couleur et aux saveurs. Je n'aurai pas assez de ce qui me reste de vie pour apprendre encore à manger autrement. Encore que...

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