La promenade de l'après-midi. De l'après-midi de ce dimanche silencieux et pluvieux. Un dimanche pas très arrosé mais humecté d'une légère brume triste. A l'hôtel au dessus de la pelouse, il n'y a rien à entendre pas même le bruit des portières des voitures qui libèrent les visiteurs des portes de leur chambre. Les tronçonneuses ont cessé de vibrer dès avant midi. Il reste pourtant des centaines de troncs à rassembler et à couper avant l'hiver. Les fûts sont encore couchés sur les prés, dans le haut du village. De nouvelles fleurs viennent finir la saison dans le parterre. Les fruits vont faire de leur mieux pour goûter leur espèce. Les voisins n'en veulent plus de cette saison. Ils sont rarement revenus cette année. Tous ont renoncé à venir ouvrir les fenêtres de leur chambre. Je n'ai pas vu lire le couple d'en face, de Pont-à-Celles, d'habitude si friand de romans ou de revues. Ils sont à peine venus se ressourcer une quinzaine de jours avant de disparaître. Les autres devaient être ici depuis plus de dix jours, ils ne sont nulle part. Marc a fait le ménage au jardin pour rien.
Nos proches voisins sont dans un silence de crainte, de retrait et d'abandon. La petite librairie-épicerie des petites femmes d'en haut a fini
sa vie. C'est la petite femme blonde de la pompe qui va reprendre le labeur. Vingt-six ans de caisses claires, de fruits et légumes, de surgelés et de journaux. Comment faire pour se supporter pendant vingt-six ans ? Les deux femmes n'ont pas fait ce qu'il fallait pour durer plus longtemps encore. J'ai fait le ménage dans le collecteur de graisses. La hotte au dessus des cuissons, les odeurs qu'on oublie parce qu'elles sont chassées dehors. Un travail ingrat mais très gras.
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