lundi 13 septembre 2010

Constant est parti. Il n'a pas mordu au dernier hameçon qui traînait au fil de l'eau. Lui le simple et discret pêcheur, a rangé définitivement son épuisette et sa canne. Il a rangé la mouche et le plomb. Il a rangé ce qui pouvait l'être avant de se laisser glisser. Il a rangé ses vieilles habitudes d'homme las.
La maladie ne fait pas l'homme mais l'homme fait de sa maladie un festin, une tournée générale, des rires bruyants, des sourires complices. Il s'est bien moqué d'elle mais elle le lui a rendu, au bout du compte. Constant a changé de vie au cours de sa vie. Il a cherché dans la rigueur, l'uniforme et l'ordre ce qu'il a fini par trouver dans le détachement, les bottes aux pieds sur les bords de Meuse et dans un désordre de défis sympathiques et humbles. Il a changé de vie le jour où il a cessé de conduire. Il était soudain dispensé d'être responsable de tout. Il n'en devint que plus à la merci des autres, au service de ceux qui le poussaient à coups d'amour dans le coeur.
Je pense à toi, ma jojo. Je sais que tu as fait de sa vie tout ce qu'elle a pu être. Je sais que de là où il est, il en parle déjà avec son frère Jean. Je sais qu'ils vont boire un coup pour fêter ça. Je sais que c'est ainsi que va la vie après la mort.

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