vendredi 16 octobre 2009

Djoute et carottes...


"Del djoute al carotte", c'est la phrase qui fait briller les yeux de tous les 'Carolos'. Je suis née à Gilly, commune à part entière alors mais liée au grand Charleroi aujourd'hui, en cinquante de l'autre siècle. Issue d'une famille ouvrière, j'ai vu mon père travailler bien et dur et ma mère faire de la maison un lieu propre et accueillant. La cuisine avait les vertus du ressourcement avant celles du plaisir. On mangeait autour de la table de la rue du Nord pour se donner des forces avant de se donner du raffinement. Il en était ainsi pour tous les habitants d'un quartier qui vivaient sur le seuil des maisons dès dix-huit heures, qui vivaient sans téléviseurs, au rythme des fins de journées chaudes ou froides. Au dehors ou au dedans.
Je nettoie les carottes et les coupe en quatre, en batonnets, dans le sens de la longueur.
J'émince deux oignons et les fais fondre dans une cuillèrée de beurre. Après avoir salé, j'ajoute les carottes avec un demi verre d'eau.

Je baisse la flamme et laisse mijoter jusqu'à ce que les carottes soient tendres.
Je pèle les pommes de terre et les coupe en rondelles d'un cm d'épaisseur. Je fais bouillir beaucoup d'eau bien salée avant d'y jeter les rondelles de pommes de terre pendant 20 à 25 minutes: elles doivent commencer à se défaire. J'égoutte les pommes de terre et j'ajoute les carottes qui passent grossièrement au presse-purée: les morceaux doivent rester gros, mais le tout doit être bien mélangé. Souvenir que le presse-purée, aujourd'hui disparu, est une invention belge. Ma mère avait cette habitude d'organiser l'agenda de nos repas. Souvent les mêmes plats revenaient aux mêmes jours. Sans y voir de faiblesse, elle y sentait une habitude qui convenait à "son homme". Au côté de la djoute al carotte, ma mère avait l'habitude de laisser une place de choix au pâté, qu'elle préférait à la viande cuite. J'ai gardé cette habitude de laisser une tranche épaisse de pâté du chef, de foie ou de volaille traîner à côté de l'étuvée. Le papy, élevé à la même enseigne, ne rechigne pas à manger ce mélange du chaud et du froid.

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