dimanche 12 septembre 2010

Poulet rôti.


Un poulet rôti. Le rôtisseur est un besogneux du goût et de la cuisson. Même s'il fait chaud dans le camion, même s'il fait chaud dans son dos, il doit assumer le goût des autres. Celui-ci est un coureur de marchés. Il cuit tous les poulets pour le milieu de la journée. Il compte sur l'odeur de la cuisson pour débloquer des ventes tardives. L'autre est un boucher du dimanche qui connaît les habitudes des siens. Le boucher est devenu meilleur que le curé dans la relation et le partage. Le boucher sait que son paroissien va venir manger une saucisse sèche en attendant que le poulet soit craquant et croquant. Le boucher sait que le fils de l'autre va faire autant de bruit que son père en attendant que le poulet soit craquant et croquant. Le boucher sait que la femme de l'autre a une heure paisible dans ses habitudes avant de revoir les deux autres. Le papy est revenu d'Haversin avec un emballage qui contient le chaud. Avec de la peau dorée. Avec de la viande blanche et légère. Nous mangeons, ce midi, les fleurs du chou d'hier et le poulet craquant et croquant. Il pleut dehors, les passants sont rares et discrets. C'est un beau dimanche quelconque... Bien mieux qu'un beau dimanche triste.

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